La gigue contemporaine : un
mouvement

 

Depuis longtemps, le mot « mouvement » s’est imposé à moi pour qualifier la gigue contemporaine. Comme pour tout mouvement artistique, il me semble pertinent de nommer et de reconnaître le rôle joué par les artistes qui explorent la gigue comme moteur de création.

 

Ce qui unifie la diversité des artistes engagés dans ce mouvement, c’est leur volonté d’expérimenter avec la gigue pour s’exprimer librement sur la place qu’ils occupent dans la société actuelle, pour redéployer une longue tradition dansée.

 

En 2005, BIGICO est né pour donner un espace d’expression à ces artistes. Tout d’abord, sous la forme d’une biennale. Puis dès 2010, la biennale a évolué en un diffuseur spécialisé dédié à soutenir et faire grandir le mouvement.

 

J’ai co-fondé cet organisme avec Julie Deschênes, Nancy Gloutnez, Philippe Meunier et Jean-Philippe Lortie et c’est toujours avec passion que je dirige ses destinées aujourd’hui.

 

Le développement chorégraphique a toujours représenté, pour moi, la priorité au sein du mouvement de la gigue contemporaine, en vue d’en assurer la pérennité. À l’aube de ses 20 ans, cette mission demeure toujours d’actualité.

 

BIGICO : passeur de tradition vers la
modernité

 

Si le XXIe siècle connaît encore toute la grandeur de la gigue, c’est grâce à l’existence des troupes de folklore québécois qui ont su transmettre la technique de la gigue depuis les années 1960 à une foule de jeunes passionnés. Parmi ces jeunes, plusieurs ont senti le besoin de repousser les limites de la pratique de la gigue afin de la moderniser, de la remettre en question, de la confronter à des influences de leur temps.

 

Pour moi, c’est un geste politique de veiller, non seulement à préserver la gigue, mais aussi de continuer à la transmettre au suivant et permettre au plus grand nombre de se l’approprier. Il est important que les citoyens du Québec puissent reconnecter avec la gigue, récemment reconnue comme faisant partie de notre patrimoine culturel immatériel.

 

En tant que diffuseur spécialisé, BIGICO est justement un des rares leviers qui permet à des centaines de spectateurs de découvrir, souvent pour la première fois, la gigue et ses variations contemporaines. Pour ce faire, BIGICO soutient des dizaines d’artistes chaque année afin de leur permettre de créer, explorer, performer, partager, voyager.

 

Appuyé de nombreux collaborateurs, l’organisme finance des productions originales, épaule et organise des séries de représentations, offre des résidences, propose du mentorat, organise des tournées, anime une plateforme de diffusion numérique dédiée à la gigue, et plus encore. En passant par la scène ou la vidéo, ce sont de nouvelles courroies de transmission qui sont créées, pour émouvoir, émerveiller, peut-être même donner envie de giguer.

Crédit : Vitor Munhoz - Avec Lük Fleury
«  BIGICO est une entreprise culturelle qui représente un poumon économique important pour la pratique de la gigue. Je suis fier de ce modèle d’affaires unique qui forge et innove pour soutenir autant la créativité que la visibilité des artistes. Le milieu de la gigue est ainsi fédéré autour d’un organisme vivant, revendicateur et rassembleur. »
La pérennité de la gigue passe par sa
relève

 

À mes yeux, le dynamisme du mouvement est tributaire du souci constant accordé à l’évolution du bassin de chorégraphes. C’est pourquoi je travaille sans relâche à développer de nouveaux talents.

 

Premièrement, je collabore étroitement avec les artistes afin qu’ils demeurent au cœur de mes décisions artistiques, dans un esprit de fraternité et d’inclusion. Peu importe où l’artiste se trouve sur le spectre de la gigue, de la tradition vers la contemporanéité, c’est sa démarche qui est mise de l’avant.

 

Ensuite, soutenir le caractère intergénérationnel du mouvement est primordial. Je veille à soutenir les artistes aux différentes étapes de leur carrière, de la relève à la maturité. J’accorde toutefois un soin particulier à soutenir et développer la relève, en recrutant de jeunes danseurs tant au sein des troupes de folklore que du milieu trad, bassins d’origine pour la gigue. Ainsi, des artistes de toutes les tranches d’âge se côtoient et échangent.

 

Finalement, développer des signatures chorégraphiques demande de la récurrence, du temps et de la persévérance. Pour faire mûrir leur pratique chorégraphique, les artistes de la gigue doivent avoir plusieurs possibilités de diffusion et bénéficier d’une stabilité de présentations d’une saison à l’autre. C’est le rôle principal de BIGICO. Grâce à l’appui de l’organisme, plusieurs artistes ont ainsi pu émerger et faire mûrir leur signature chorégraphique. Le succès des artistes, soit en fondant une compagnie de création, soit en vivant professionnellement de leur art, est le plus beau gage de succès d’une organisation de soutien comme BIGICO.

 

 

Poursuivre vers le
futur

 

Cette vision qui m’anime, et que j’insuffle dans BIGICO, contribue à faire grandir le mouvement de la gigue contemporaine et lui permettre de devenir une pratique de plus en plus reconnue dans le milieu de la danse.

 

BIGICO rayonne de Montréal à Québec, de l’Abitibi à la Gaspésie. La gigue investit le territoire québécois pour rejoindre des publics qui sont transportés par la passion et le talent des artistes qui font vibrer cette tradition ancestrale au rythme du XXIe siècle.

 

BIGICO est une entreprise culturelle qui représente un poumon économique important pour la pratique de la gigue. Je suis fier de ce modèle d’affaires unique qui forge et innove pour soutenir la créativité et la visibilité des artistes et permet au milieu de la gigue de se fédérer autour d’un organisme vivant, revendicateur et rassembleur.

 

C’est ainsi que je souhaite m’assurer que BIGICO propose constamment des gigues toujours vivantes, vibrantes et percutantes.

 

Lük Fleury
13 février 2024
Montréal

Photos : Vitor Munhoz