Comme un voyage en Utopie… qui dérape! En scène, une enfant, des danseurs neurotypiques et d’autres issus de la neurodiversité, tous et toutes en vêtements pastel. Ils se partagent le monde en deux catégories ludiques et ridiculement arbitraires : d’un côté les dauphins et de l’autre les licornes.
S’ensuit une sorte de rituel fascinant, comme une tentative de créer ensemble, en collectif, un spectacle qui sera sans cesse dérangé par la recherche frénétique du regard de l’autre, de son approbation. Parfois, aussi, les interprètes se payent le luxe d’être authentiquement eux-mêmes : accueillir ses failles, sa fragilité, retourner sa peau comme un gant pour en observer les coutures et les fils qui dépassent. Ces aller-retours effrénés entre le Soi et l’Autre placent les danseurs et danseuses dans un équilibre précaire. Et nous, spectateurs.trices blottis.es dans l’ombre, sommes les témoins privilégiés de leur beauté, de leur humanité, et de leur monstruosité.
On retrouve à nouveau dans Les Dauphins et les Licornes la signature chorégraphique de la compagnie: danse contemporaine, gigue, prises de paroles décomplexées, théâtralité performative, autant de langages nécessaires à l’apparition d’une réelle dramaturgie de la diversité. Avec ce nouvel opus, la chorégraphe Maïgwenn Desbois se laisse guider par ses interprètes pour mettre en scène un grand bal punk et kitch, où les arcs-en-ciel sont parfois éclaboussés de sang.